Coloc' 3ème

Pervine, Angélique, Edouard et Denise

Coloc' 3ème

Pervine, originaire du Kurdistan, et ses deux enfants, Ulaş (9 ans) et Serhat (14 ans). A leur arrivée en France, ils ont vécu dans le métro et dans un « hôtel payé par le 115 ».

Angélique, de Saint-Omer. Célibataire, 27 ans. Elle garde des enfants dans une famille.

Edouard, étudiant en Sciences Sociales. Licencié en Siamois, spécialiste de la Thaïlande. 23 ans.

Denise, 26 ans, franco-colombienne, bilingue. Master en Arts. Célibataire, étudiante en tourisme.

Depuis, Pervine et sa famille ont obtenu un logement social permanent et ont vécu 3 ans à Chabrol.
Angélique a reprit ses études et est partie dans le nord.
Denise et Edouard s'assument chacun de leur côté (travail stable et appartement).
Tous nos anciens colocataires sont en contact.

Comment avez-vous entendu parler du projet ?

Ulaş
C’est maman qui nous en a parlé !
Edouard
Pour moi, c’est une annonce du CROUS pour les étudiants. Ça faisait 2 ou 3 mois que je cherchais une colocation. Après 2 mois et demi de recherches infructueuses, je suis tombé sur cette annonce. Habitat et Humanisme m’a appris que c’était le 1er projet de ce type en France. Que c’était un projet pilote. J’avais entendu des histoires sur des colocations entre des étudiants et des personnes âgées. Ce n’était pas simple : soit l’étudiant ne joue pas le jeu, soit il est trop dépendant de son colocataire quia le bail à son nom. Ici, nos profils sont variés mais nous avons tous notre bail. L’appartement n’appartient pas à l’un d’entre-nous et ça nous met à égalité. J’ai déposé ma candidature, et à ma surprise, j’ai été pris. C’est assez incroyable Tout, ici, était pour moi assez démesuré le nombre de personne, la superficie de l’appartement, tout ça pour un truc qui était dans mes prix. C’était super.
Denise
Moi je me souviens que le loyer m’avait surpris agréablement. Moi je cherchais quelque chose en dessous de 600 € et je visais genre 23m2. Ici, c’était 400 € par mois, je me suis dit : « pas possible, il doit y avoir quelque chose… » Pour moi aussi, c’était une annonce du CROUS. Quand j’ai lu : COLOCATION INTERGENERATIONELLE, c’est vrai que je ne savais pas trop à quoi ça correspondait. J’ai appelé un peu par hasard, sans grande conviction, en me disant : « Oh ça doit être déjà pris. » En fait ça s’est passé assez rapidement. J’ai adressé ma candidature et j’ai reçu une réponse dans la semaine…
Edouard
Et puis après c’est vrai qu’il y avait un peu le stress de savoir sur qui « j’allais tomber » ?
Denise
Pareil pour moi. Ça n’était pas évident de vous imaginer !
Edouard
Bien sûr qu’on est plein de préjugés.
Pervine
Moi j’ai eu peur parce que j’aime bien vivre avec d’autres, mais j’ai peur de la religion. Je me suis dit : si c’est quelqu’un de très croyant, et nous avec les enfants, on ne connaît rien sur les religions, comment faire? Avant Paris, on habitait en Hollande dans une maison communautaire avec une Angolaise très pieuse et c’était super compliqué. Quand j’ai passé l’entretien, j’ai dit que je n’avais pas de problème pour vivre avec quiconque du moment que la religion ne soit pas une barrière. Moi, je ne sais pas comment partager mon frigo avec un religieux, des trucs comme ça… Lors de notre première visite, quand j’ai vu deux jeunes j’ai dit : « Ok, ça va, il n’y aura pas de problème ». Ça fait 15 mois on est ensemble, on discute beaucoup mais les questions religieuses n’ont jamais été un problème
Edouard
Moi je suis étudiant en ethnologie. J’étudie la Thaïlande, j’apprends le thaïlandais mais entre nous, on parle moins de la Thaïlande que du Kurdistan Pervine m’apprend beaucoup de choses sur les Kurdes.
Pervine
L’année prochaine tu feras kurdologie ! (rires)

Et vous, les enfants, vous étiez inquiets de vivre avec des inconnus ?

Serhat
Non pas du tout. Je savais que ça allait être mieux qu’avant, donc pas problème ! Avant, à l’hôtel, c’était trop petit. Ici, la première fois, ça m’a choqué tellement c’est grand. J’ai un copain qui vit dans un grand appartement, mais en sous-sol. Pour moi, ça faisait bizarre. A Paris il y a beaucoup de maison grande comme ça ? Et en plus, ici, c’était beau et tout et on avait une chambre à nous, mon frère Ulaş et moi, une chambre à nous pour la 1ère fois…
Pervine
Vraiment on a eu de la chance de tomber sur des bonnes personnes. Une amie nous a parlé de ce projet. On avait vraiment besoin d’un appartement. On vivait alors dans une petite chambre d’hôtel on payait 700 €.
Serhat
Moi, au début, j’étais assez timide avec les autres…
Pervine
Toi timide ?
Serhat
Au début, nos colocataires, je ne les connaissais pas. Après ils sont venus me parler et je n’étais plus timide. Maintenant, on fait partie de la même famille. Pour moi, Denise, Angélique et Edouard sont mes sœurs et mon frère
Denise
Moi, ta sœur ? Pas question ! (rires)…. Je te taquine !
Pervine
Parfois fois quand je pense que si on déménage, comment on fera sans vous trois ? On peut vivre mais…
Serhat
Il y aura un vide.
Pervine
Quand j’ai besoin de quelque chose Denise est toujours à côté de moi. On est vraiment liés. C’est notre cinquième année en France et avec vous, on est comme une famille. Moi, ça fait 20 ans que je n’ai pas vu ma famille kurde, et mes enfants ne la connaissent pas.

Arrivée d’Angélique, elle rentre du travail.

- Ce soir, Pervine a préparé des pâtes et tout le monde en a mangées. Ça se passe souvent comme ça ?

Denise
Oui cela se passe souvent comme ça, on prépare souvent des pâtes et on mange tous ensemble. Bah c’est vrai que vu qu’elle fait toujours à manger pour les enfants donc nous vu qu’on arrive dans les mêmes horaires elle nous propose tout le temps.
Edouard
Au début, vis-à-vis des enfants de notre collocatrice, j’essayais de pas jouer de rôle. Je n’avais pas envie d’être le grand frère, le père ou l’oncle. Je me suis dit on va essayer de faire copains-copains. Du coup, après, ça s’est installé tout seul.
Ulaş
Moi, Edouard, il m’aide à faire les dictées.
Denise
Et moi, les tables de multiplications !
Serhat
A l’école je prends des cours de soutien.
Denise
L’année dernière, c’était plus régulier. Cette année, Serhat a peut être un peu plus de mal à se concentrer, du coup je lui ai laissé plus d’autonomie pour que ça vienne vraiment de lui. Ces derniers temps Serhat, tu t’es vraiment bougé !

Ça fait combien de temps maintenant que vous vivez ensemble au 3ème étage

En chœur
15 mois.

Il y a des moments qui vous ont marqué au cours de ces 15 mois de vie en commun ?

Denise
Moi je me souviens du jour où Pervine a reçu son titre de séjour ! C’était particulièrement chouette.
Pervine
C’était l’année dernière…
Angélique
Moi qui venait d’arriver, j’étais aussi super contente. C’est super bien de voir quelqu’un recevoir ses papiers. On était super contents de voir quelqu’un qui se réjouit de devenir Français. Je sais pas. Il n’y a pas de mots.
Pervine
Vous n’avez jamais immigré, jamais voyagé ?
Denise
Moi aussi j’ai reçu ma nationalité française. je suis colombienne et française.
Pervine
Le soir où j’ai reçu mes papiers, on a fêté ça autour d’un gâteau vraiment exceptionnel.
Denise
C’était un fraisier du café Pouchkine : une mousse avec plusieurs type de fruits rouges avec une coque en chocolat blanc qui ne collait pas à la mousse et au dessus, ils ont disposés des rubis en bonbons. C’était vraiment bon !
Ulaş
C’était trop bien ! je me souviens que quand on est arrivé ici, dans la cuisine, il y avait déjà des livres de pâtisserie pour apprendre à faire des gâteaux.
Denise
Je crois que c’est Mme L. qui avait pensé à ça, aussi. Les livre de cuisine étaient là quand on a emménagé en fait.
Ulaş
Chez nous, c’est Denise qui fait beaucoup de gâteaux.
Serhat
Edouard lui, il fait les tartes. Et moi, je ne cuisine que mes céréales !

Quand on a envie de se retrouver seul, c’est facile ?

Pervine
Hier soir, par exemple, Angélique a fermé la porte de sa chambre à clé.
Angélique
J’étais morte de rire parce que vous ai tous vu défiler pour frapper à ma porte.
Pervine
Une fois, à Noël, je suis restée toute seule ici. Tout le monde était en vacances, et les enfants aussi. La maison était vide vide vide Franchement ; oui, c’est bizarre. Parfois on veut rester seul, pour une heure ou un jour, peut-être, mais pas une semaine ! 10 jours encore moins…
Angélique
Surtout qu’ici on est dans un lieu où il y a toujours du monde. Si on est chez soi, on a nos habitudes, mais ici on a l’habitude qu’il y a tout le temps du monde. Quand il y a personne, moi toute seule ici, il faut que je ferme toutes les portes, c’est trop…
Édouard
(en riant) : Tu es parano !
Angélique
Je ne veux pas rester toute seule dans un grand appart comme celui-là, même si, j’apprécie d’être au calme, seule dans ma chambre. Moi, avant cette colocation, je vivais en couple. Maintenant, c’est vrai que parfois j’aime bien me sentir seule. Je vais dans ma chambre et ferme la porte à clé. Comme ma chambre est grande, j’ai l’impression que c’est ma maison quoi. En plus, comme les autres, j’ai une salle de bains et des toilettes pour moi seule. Ça c’est énorme !

Vous vous voyez parfois en dehors de l’appartement ?

Denise
On est allés au match de rugby ensemble. C’était Racing-Toulouse au Stade de France. Moi j’étais pour le Stade toulousain mais ils se sont fait laminés par les Racingmen. Je vous avais dit que Toulouse était la meilleure équipe de rugby, vous ne m’aviez pas cru et, ce jour-là, ils ont sévèrement perdus contre le Racing, mes pauvres Toulousains…
Pervine
Nous sommes aussi allés à un concert, au New morning. Je vous avais tous invités quand mon copain y jouait.

Les soirées se passent comment ? Il y a des rythmes établis ?

Denise
Rien de particulier, sauf quand les garçons regardent le catch à la télé…
Angélique
Les enfants ont leurs habitudes et leurs contraintes scolaires. Pour nous autre, les actifs, c’est selon nos emplois du temps. En fait c’est très rare qu’on organise quelque chose.
Edouard
Moi, je ne m’inquiète pas quand quelqu’un n’est pas là, un soir. Mais moi, je préviens tout le temps les autres de mes absences.
Angélique
Comment ça, tu ne t’inquiètes pas ? Oh mon dieu (rires)
Pervine
Tu ne t’inquiètes pas pour moi et les enfants ? Allez…
Edouard
Si une fois, quand vous aviez mis du temps à rentrer avec Ulaş.
Ulaş
Dans notre appartement, c’est moi qui rentre le plus tôt. A 16h30.

Le soir, qui décide du programme de la télévision dans le salon ?

Serhat
C’est celui qui a la télécommande ! (rires) Moi, j’aime écouter les chansons sur la télé.
Angélique
Je n’ai pas encore entendu de grosses disputes pour la télé
Ulaş
Si, à cause de mon frère, j’ai déjà pleuré.

Et le matin, vous prenez un petit-déjeuner ensemble ?

Angélique
C’est rare. Parfois, le week-end cela nous arrive, on est un peu plus ensemble.
Ulaş
On se fait des brunchs kurdes ! C’est un peu comme les anglais, mais pas tout à fait… En fait c’est un mélange de français et de kurde. Trop bon ! Oui, c’est comme un petit-déjeuner, en plus grand. Il y a plus de choses à manger.
Angélique
Autour de la table, on a trois Kurdes, un étudiant en anthropologie thaïe qui vient de Montpellier, une Colombienne naturalisée et une Ch’tie. La Ch’tie, c’est moi ! Je n’avais jamais habité avec autant de gens. J’ai déjà vécu dans des foyers mais ce n’est pas pareil. Dans un foyer, tu ne te réunis pas comme ça autour de la table. C’et pas pareil. En foyer, il y a plein de monde mais tu ne vis pas vraiment avec eux, mais à côté. Ici, on est comme une petite famille. Une grande même ! Moi, avant d’emménager ici, j’étais en couple. C’était pas évident, a priori, de me retrouver avec six personnes d’un coup. Franchement au début c’est dur parce que tu as pris tes petites habitudes dans la solitude. Et là, d’un seul coup tu dois partager ton quotidien avec six personnes. Tu dois faire attention à plein de choses, à des détails de la vie quotidienne. Tu sors plus forcément de ta chambre en pyjama, des trucs comme ça… On apprend tout ca. Et puis il y a des enfants et tu ne peux plus dire tous les mots que tu peux dire quand il n’y a pas d’enfants. Puis on découvre une culture aussi, parce que moi, avant, je ne savais même pas que ça existait les Kurdes. !
Pervine
Ah non ?
Angélique
Avant je ne savais pas. C’est la vérité. Les Turcs, je connaissais, mais les Kurdes, j’en avais jamais entendu parler. Donc c’est la découverte d’une culture aussi. Moi beaucoup j’ai appris, j’ai découvert une culture et le monde étudiant aussi. Je n’ai jamais été étudiante donc… Voir les étudiants, découvrir comment ils vivent, tout ça… Ici, les autres me donnent beaucoup. Moi je donne… comment pouvoir expliquer ça ? Je suis une nordiste donc je donne… La tchatche. Je défends mon pays aussi. Toi, Pervine, tu es une kurde et moi je suis une ch’tie. En venant de Saint-Omer, je ne m’attendais pas à vivre avec une Kurde et à découvrir son monde. Ce que j’aime bien ici c’est que moi aussi je peux parler de chez moi, du Nord. Je leur raconte comment on vit ensemble chez nous. Avec les Parisiens, dans la rue ou dans le métro, je ne vais pas dire : je suis une ch’tie. Ici je peux me revendiquer. (rires du groupe) Non mais c’est vrai. Par exemple, j’ai moins appris de la Colombie avec toi, Denise.
Denise
Tu ne m’as jamais rien demandé.

Vous parlez autour de vous de la façon dont vous vivez ici ? de cet appartement ? Vous en parlez à vos proches ?

Angélique
Plus au début. Pas tellement maintenant. Quand j’ai emménagé ici on me demandait : « Mais comment tu fais pour vivre avec une famille ? On me demandait surtout comment la famille faisait pour pouvoir vivre avec nous, les travailleurs, les étudiants… Moi, je travaille avec des enfants donc ce n’était pas trop une nouveauté mais c’est vrai que les gens me demandaient si ce n’est pas trop dur d’avoir tout le temps des enfants, surtout quand tu n’en as pas toi-même.

A vous entendre, partager cet appartement, ça marche. Qu’est ce qu'il fait que ça marche ?

Denise
Parfois ça ne marche pas, parfois on se dispute quand même…
Angélique
Tu vis dans une communauté, tout ne peut pas toujours être tout rose quoi mais bon après il n’y a jamais vraiment eu de gros trucs. Ça marche parce que chacun y met du sien. Denise elle est étudiante, Edouard il a vécu en cité U, Pervine a vécu toujours avec plein de gens donc c’est peut être ça qui fait que ça marche bien ? Mais après je ne sais pas si au 4ème étage c’est le même style, pourtant ça marche aussi ! De toute façon, si on veut changer quelque chose, on commence chez soi. Ça donne des ailes de vivre en colocation ! On voit les autres faire plein de chose et on a envie de faire plein de choses. Moi, maintenant que je vis avec des étudiants, j’ai repris mes études. J’avais abandonné cette idée, et puis là, le fait de les voir étudier avec enthousiasme, de voir leur niaque, bah ça m’a donné envie de refair des études moi aussi ! Pervine à un moment donné, elle a repris sa vie en mains, et bien moi aussi je peux le faire ! Je me suis réinscrite à la Fac, je passe d’abord mon bac, un DAE, un Diplôme d’Accès aux Etudes universitaires. Après, j’aimerais bien faire un DUT Action social. En fait depuis longtemps j’ai envie de travailler dans le social pour aider des familles qui vivent des galères. J’ai envie de faire bouger les choses quoi. Sincèrement, c’était en moi depuis longtemps mais Pervine elle m’a encore plus conforter dans mes choix. Quand je vois qu’elle était dans une chambre d’hôtel avec ses enfants… Quand tu vois notre appartement intergénérationnel, quand tu vois comment ça peut changer les choses, franchement tu as envie de le faire pour tout le monde. C’est ce que j’ai dit d’ailleurs au Maire du 10ème il faut vraiment… pas forcément le même truc, parce que des appartements de 188m2 ça ne court pas les rues, mais faire ce genre de cohabitation entre des gens pour donner une chance à tout le monde. Ce qui est important ce type de projet, c’est de le faire connaître aux gens parce qu’il y a des gens qui ne se doutent même pas que ça existe !

Sherat, tu m’as déjà dit que tu voulais devenir un homme politique. Pourquoi ?

Serhat
J’ai pas forcément envie de devenir communiste comme ma mère le voudrait, socialiste non plus, je préfèrerais être de droite. Maintenant, c’est la crise et je crois que ça va empirer. Moi, quand je serai grand, j’aimerais pouvoir agir sur les événements. Le maire du Xème, il est venu ici, dans notre appartement. C’est quelqu’un de bien. Il veut refaire ce type de projet ailleurs… J’ai vu qu’on pouvait changer les choses. Moi, j’aimerais que les gens ne vivent plus dans des hôtels comme celui dans lequel on vivait. Dans notre ancien hôtel, la copine de ma mère vivait dans une petite chambre avec son fils, son mari et elle allait accoucher de jumeaux. Leur chambre n’était pas plus grande que nos toilettes d’aujourd’hui. Si eux aussi pouvaient vivre dans un endroit comme le nôtre, ça leur serait d’une grande utilité.
Ulaş
Moi, j’aimerais devenir un Dieu grec ! Mon frère me raconte la mythologuie te j’aimerais devenir Zeus, parce que c’est le plus fort !
Pervine
C’est formidable que mes enfants sachent qu’on peut agir. En France, on est parti de zéro. J’ai passé nos premières nuits, avec mes enfants, dans les couloirs du métro. Et maintenant, 5 ans après, on est bien, on est tranquille. Serhat peut dire facilement qu’avec du courage, si on travaille bien, on peut changer la donne. Si on laisse tomber, c’est fichu… Je connais une famille, ça fait 10 ans qu’ils habitent dans l’hôtel et le 115 paye 2100 € mensuels pour une chambre minable sans que rien ne change… Moi et les enfants, nous sommes restés tois ans dans cet hôtel parce que la 4ème année, on a reçu nos papiers, et le 115 a arrêté de payer. 3 ans à 2100 € par mois ! Plusieurs fois j’ai écrit une lettre en disant qu’avec 1000 € je pourrais louer un appartement. L’état payait 2100 €/mois et disait qu’on ne pouvait pas m’aider pour 1000€ qui nous auraient sortis de l’hôtel. A l’hôtel, il y a plein de familles qui vivent comme ça…Pour 2100 € par mois, il n’y a pas d’hygiène. C’est dégueulasse. Ceux qui ne trouvent pas appartement, sans papier ni boulot, ils vivent comme ça.
Serhat
Je me souviens, à l’hôtel, il y avait 4 étages. Tout en haut, vivait une personne âgée, un homme, il était vraiment vieux. Il ne pouvait pas marcher seul et ils l’ont mis au tout dernier étage. Il n’y avait pas d’ascenseur à l’hôtel et parfois, je l’aidais à monter ses courses. Je crois qu’il avait une femme, je ne suis pas sûr.
Pervine
Maintenant, Ulaş et Serhat peuvent jouer dans leur chambre. Leurs première nuits à Paris, ils les ont passées ans le métro. Maintenant, on vit dans 182 m2…
Serhat
Non Maman, pas 182. L’appartement fait 188 mètre carrés !

A vous la parole